"Amazone"
Renée Vivien

L’amazone sourit au-dessus des ruines,
Tandis que le soleil, las de luttes, s’endort.
La volupté du meurtre a gonflé ses narines :
Elle exulte, amoureuse étrange de la mort.

Elle aime les amants qui lui donnent l’ivresse
De leur fauve agonie et de leur fier trépas,
Et, méprisant le miel de la mièvre caresse,
Les coupes sans horreur ne la contentent pas.

Son désir, défaillant sur quelque bouche blême
Dont il sait arracher le baiser sans retour,
Se penche avec ardeur sur le spasme suprême,
Plus terrible et plus beau que le spasme d’amour.

Renée Vivien, Études et Préludes
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"Les Amazones"
Renée Vivien

On voit errer au loin les yeux d’or des lionnes…
L’Artémis, à qui plaît l’orgueil des célibats,
Qui sourit aux fronts purs sous les blanches couronnes,
Contemple cependant sans colère, là-bas,
S’accomplir dans la nuit l’hymen des Amazones,
Fier, et semblable au choc souverain des combats.

Leur regard de dégoût enveloppe les mâles
Engloutis par les flots nocturnes du sommeil.
L’ombre est lourde d’échos, de tiédeurs et de râles…
Elles semblent attendre un frisson de réveil.
La clarté se rapproche, et leurs prunelles pâles
Victorieusement reflètent le soleil.

Elles gardent une âme éclatante et sonore
Où le rêve s’émousse, où l’amour s’abolit,
Et ressentent, dans l’air affranchi de l’aurore,
Le mépris du baiser et le dédain du lit.
Leur chasteté sanglante et sans faiblesse abhorre
Les époux de hasard que le rut avilit.

« Nous ne souffrirons pas que nos baisers sublimes
Et l’éblouissement de nos bras glorieux
Soient oubliés demain dans les lâches abîmes
Où tombent les vaincus et les luxurieux.
Nous vous immolerons ainsi que les victimes
Des autels d’Artémis au geste impérieux.

« Parmi les rayons morts et les cendres éteintes,
Vos lèvres et vos yeux ne profaneront pas
L’immortel souvenir d’héroïques étreintes.
Loin des couches sans âme et de l’impur repas,
Vous garderez au cœur nos caresses empreintes
Et nos soupirs mêlés aux soupirs du trépas ! »

Renée Vivien, Cendres et poussières

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La vie est une chienne de l'Enfer, l'Homme est son excrément.

Je suis le jour, je suis la nuit, je suis positif, je suis négatif, je suis humain avec mes contradictions, mes contrastes.

Je suis un homme âgé, mais mes rêves sont tous à Byzance. (Yeats - Sailing to Byzantium)

Demain sera un autre jour!
On vit, on rêve, on disparait!
Nous passons à grande vitesse pour certains, quand pour d'autres le temps semble long, très long...

La photo, mon médium, pour me souvenir, la base principale de mon travail.
un médium de silence.
un arrêteur du temps
le souvenir s'éloigne, la photo devient diffuse
le souvenir proche, la photo nette
fragments de moments.
Tranches de silence.
morceau choisi
in situ, fragmentation
moment présent à présence de l'absence
l'image est franchie.

Il m'est difficile de m'expliquer, de parler, faire de grands discours, encore moins écrire!
expliquer quoi? juste quelques lignes explicatives voire un titre. le silence,
juste le silence de la parole (ou de l'écrit (la chose écrite).

La photographie sert à visualiser le souvenir (immatériel) qu'on ne veut oublier.
Ne plus oublier.
Là où le souvenir nait, la réalité s'en va!!

Déjà tout petit j'étais obsédé par le souvenir, quand j'ai eu l'âge de réaliser
que la photo était un merveilleux support pour matérialiser mes souvenirs,
je l'ai tout de suite utilisé. En réalité je vie quasiment dans ou avec mes, (des) souvenirs.
La journée passée, je suis déjà dans le souvenir, le souvenir d'hier, de ma famille, de l'enfance,
je suis myope sur le futur...!

Je ne suis pas là pour chercher à reproduire, mais interpréter.
Dans la vie il y a les rèves, les cauchemars.
de la pensée à l'acte!
Un autre monde, mystère,

je travaille mes photos comme une peinture, par couches successives. Ma base est la prise de vue.
Je produis des photos, sombres, claires, non figuratives, abstraites, selon l'humeur, l'inspiration.
J'essaie de faire une poésie, une poésie visuelle. sensuelle.

Je ne suis pas là pour représenter, reproduire la réalité, ta réalité... mais la fuir!...

La vie n'est pas toute rose, toute lisse, elle est torturée, une partie belle, une partie tordue. Peau lisse laissant apparaître
le squelette, le crâne, avec les défauts du façonnage du temps passé sur ce corps.

Elle emporte trop de gens aimés, tuer la mort.
tuons la mort.
Je me prépare au départ de ma mère.
Le soir au lit, enfant, je me préparai au départ des parents... sans n'y rien comprendre.

"Tuons la mort" naît d'une tristesse de voir disparaître des proches, des amis, plus vieux, plus jeunes que moi.
J'imagine tuer la mort...

Le comte Dracula enchaine ses fiancées, les libère en fin de journée, pour chasser les âmes (hommes & femmes) perdues.

A la question : "tu crois au Diable?", je réponds "je ne crois pas à Dieu, donc je ne crois pas au Diable, par contre je crois aux légendes..."

"L'art n'a pas de leçon de morale à recevoir".

 Je dirai que mon travail est onirique avec une obsession, la mort, de ce qu’est constitué le corps, une armature, de la chair, du sang, des muscles, de cet intérieur qui pue & sale, le tout amalgamé me fait peur. Je ne saurai dire si mon travail est surréaliste mais le fait de fouiller au plus profond de mon imaginaire, permet de me soigner.

Ma démarche est la restitution par l'outil, le support photographique de mes tourments.

Le monde reste aveugle à la maltraitance, à la souffrance des femmes.

Pourquoi je photographie les femmes? elles donnent la vie & que l'on porte atteinte à la vie, à cette féminité, ils abîment leur corps, leur pensées, leur être. Je le dénonce par ce travail.

Fidèle descendant du célèbre penseur & philosophe Otto Didakt, libre & sain de corps & d'esprit, j'ai appris par moi même.

L'esprit libre & indépendant, l'influence humaine & le formatage ne m'ont jamais atteint.

Mon thème principal est le corps, en majorité féminin. Je travaille en série, de 10 à 30 photos plus ou moins.

Mes photos sont travaillées de sorte à visualiser une matière, un relief.

Je raconte une poésie onirique, une métaphore de ce que j’imagine, un monde macabre & sombre que la vie me démontre. Des corps plus ou moins abîmés, une vie (que je représente par la femme, celle qui donne la vie) maltraitée par une masculinité orgueilleuse & d’un égo démesuré. Cette féminité qui au bout du compte gagnera ce combat. 

"L'homme abîme la femme, celle qui donne la vie. Par mon travail, je montre combien l'homme abîme la vie..."

Je n’aime pas expliquer les choses, je ne suis pas très doué pour cela, alors je m’arrange pour vivre sans devoir expliquer. Mon travail consiste à proposer des images, pas à trouver leur sens.

Les censeurs, des âmes perdues dans le couloir étroit de l'ignorance.

Pout Lilith.
Lilith représente la souffrance, la maltraitance des femmes, (de la féminité, donc de la nature, de la vie, la souffrance de celle qui donne la vie), par les hommes, la masculinité...
Les entailles, les déchirures, les cicatrices, tout passe par le visage, le regard...

Je suis un enfant, j'ai 66 ans & je suis un enfant... je m'attache à des images à jamais effacées.

C’est vrai, c’est mignon, c’est beau & propre ces photos, les histoires qu’elles racontent sont tristes gaies, et tout et tout…
Mais, ma réalité est tout autre, mes songes, mes intérieurs sont blancs, gris, noirs.
Les discours, les démarches artistiques, les notes d’intentions, que de jolies constructions de mots, de phrases. Propos bien huilés, bien propres, le fond & la forme, mais la vie n’est pas cela, la vie est sale. Je la montre ainsi, mon intérieur la montre ainsi, mes démons dénoncent cette vie.
Ce n’est pas ça la vérité de la vie, ce n’est pas une image représentant un visuel, une histoire propre, la vérité de la vie doit être représentée abîmée par des images abîmées, des histoires abîmées…

Mon travail, parabole de la vie, avec le corps de la femme, beau, magnifique, plein de douceur dans des formes, la vérité de la vie, abîmée… la vie est abîmée, nous sommes abîmés par la vie… corps abîmé… par l’Homme, la nature, la vie, la terre…

La base du travail d’Arno Loth, le souvenir, la trace, l’empreinte que l’on laisse après la mort.
Le souvenir s’éloigne de ce fait la photo s’efface au fur & à mesure de l’éloignement. Il en reste la trace, l’empreinte.
Ce qui l’a amené à travailler sur cette voie des mythes & des légendes. La parabole de la vie d’aujourd’hui à ces mythes. la parabole de la nature à la féminité à la femme, celle qui donne la vie, cette féminité que l’homme abîme, cette nature que l’homme abîme… Ses amazones combattent pour la vie, la naissance, la nature… les stigmates de ces combats en sont les traces sur leur corps. La condition humaine, mourir…

se sont mes démons, elles se reconstruisent après chaque blessure, chaque meurtrissure… Mes guerrières, mes amazones.

Mon interprétation de la vie…
De la naissance du ventre de ma mère, au départ dans les entrailles de la terre, notre mère nourricière…

Ce n’est pas toujours facile, ce choix, entre le plus profond de, du, soi & de, du comment on va vivre, paraître dans notre vie avec autrui. Comment appréhender l’autre. Toujours avec cette méfiance de l’autre… être aux aguets est assez fatigant & demande beaucoup d’énergie… & s’extraire de ce temps irréversible est chose de l’esprit. personne ne peut échapper à l’avenir…
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« Je suis en accord avec cet article, alors que ce concept de race est antinomique, puisque l'Homme est l'unique race, humanoïde, il y en a qui trouve le moyen d'inventer des « dogmes » idiots pour différencier les couleurs humaines & faire passer cela pour des "races" humaines différente... je ne me suis jamais poser cette question, qu'importe ta couleur, nous sommes tous de la même race, celle des Hommes. »

L’artiste est là pour donner une vision, sa vision autre qu’une réalité. Il doit attirer, interpeller, déranger, parfois choquer. Il n’est pas question dans ce propos de vouloir plaire ou déplaire, de vouloir être aimé ou détesté, mais uniquement de s’exprimer.
L’imaginaire doit poursuivre sont chemin.
Mon travail est une histoire onirique du féminin & du masculin.
Les cicatrices du féminin, laissées sur ces corps, par le masculin. Une vue de l’esprit par mon travail, qui s’inspire des mythes & légendes…
 

A l'instar de Boris Vian, les Amazones iront cracher sur nos tombes.